Au commencement etait la Chasse......
Jadis dans notre Provence la chasse au chien d'arrêt n'était pas très répandue, de même que la chasse de "spécialiste". L'abondance de gibier, les chasses traditionnelles populaires comme la grive et le lapin, ne le nécessitait pas pour le commun des chasseurs. Beaucoup de chasseurs provençaux de ma génération n’ont pas reçu en héritage cette si précieuse culture cynophile! La chasse avait changé avec la myxomatose, les lâchers de gibier de tir et les constructions anarchiques de villas. Trois facteurs destructeurs de chasse. Le pire de tous est le lâcher de gibier de tir pour le changement de mentalité et la facilité qu'il a induite chez les chasseurs. 30 ans de permis et si j'avais connu le chien de race et le Pointer à cette époque, où malgré le déclin, il restait quelques rouges et faisans sauvages, et bien sûr la bécasse en plus grand nombre qu'aujourd'hui, quel bonheur ! Pour l'anecdote quand je pense au nombre de kilomètres parcourus seul sans chien pour traquer le perdreau rouge, se lever à point d'heure pour être avant le jour au pied des barres rocheuses de nos collines pour les entendre " cascaléger " au lever du soleil et les repérer. Et ensuite les kilomètres pour les poursuivre en terrain difficile… Après pendant l'hiver, toujours sans chien, arpenter comme un indien les 4 ou 5 endroits connus pour abriter des bécasses, afin de revoir la belle une fois aperçue…par miracle. Pratiquement ma seule récompense était une ombre et un bruit d'aile dans les branches. J'abandonnais la chasse pour la pêche à la mouche pendant 5 années, c'est un sport très plaisant qu'il soit pratiqué dans les torrents de montagne à la truite ou l'ombre aussi bien qu'en Durance sur des ablettes ou des vandoises. Un jour un ami m’invita pour l'accompagner à la chasse comme porte-carnier, ce que je fis volontiers sans savoir que ce serait le souffle qui ranimerait les braises du feu de la chasse et du chien d'arrêt. Au printemps il fit l'acquisition de Gina chienne Braque Français. Durant l'été, en villégiature en Haute Provence, je la sortais tous les matins pour la débourrer sur les cailles ou les perdreaux sauvages. Je repris mon permis, puis un jour vint ou, à cause de la neige trop tôt tombée sur le Ventoux, ne pouvant chasser, nous rendîmes visite à un copain éleveur, et là au détour d'un box : un regard échangé, le Coup de Cœur. Un Pointer de 5 mois venait de me choisir comme maître. C'était le 10 novembre 1992.