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Le rififi continue à la fédération des chasseurs

Actualité publiée le 15/07/2014
La Provence.com

Le rififi continue à la fédération des chasseurs

Martigues / Publié le Vendredi 11/07/2014 à 05H41

Diane, déesse de la chasse, dans ses forêts et clairières, devait veiller au bon ordre des choses, entre sauvagerie et civilisation. Sans aller jusque-là, la fille de Jupiter pourrait faire un crochet à Puyricard, à la fédé des chasseurs où un peu d'ordre ne serait pas de trop. Après l'affaire du héron cendré (le représentant de cette espèce protégée abattu dans l'enceinte de la fédération), celle des licenciements, après celle encore de la demande de mettre la fédération sous tutelle du préfet... Voilà les soucis pécuniaires de la structure privée assurant missions de service public.

Pressions, intimidations...

Sa mauvaise santé financière est brandie par ses dirigeants, notamment pour justifier le licenciement de trois salariés. L'un d'eux, Ludovic Collart, délégué CGT, qui s'est vu notifier pas moins de 3 motifs de licenciement (insultes, fautes graves, enfin raisons économiques), avait été convoqué à l'Inspection du travail, qui vient de rejeter son licenciement pour faute grave. Reste le motif économique encore à l'examen. Il a été licencié après qu'il a été entendu par l'office national de la chasse et de la faune sauvage, après la mort du héron. Un lien ? "Mais à la fédé, glisse-t-on avec prudence, soit on est avec, soit on est contre Jo Condé" (privé de présidence après sa condamnation pour vol en réunion, recel et corruption, l'ancien président est devenu secrétaire général, ndlr). Le climat au siège de la fédé est aussi au cœur des débats. Pressions, intimidations, "c'est la loi du plus fort". Bref, beaucoup s'inquiètent de l'avenir d'une fédération comptant 23 000 chasseurs. C'est ce message d'alerte que des dizaines d'entre eux ont délivré au préfet, le 21 juin dernier. "On a un sentiment d'impunité : de drôles de choses se passent dans cette fédération", clament des opposants.

Me Gioia, avocat de la fédé, confirme ces ennuis financiers, les expliquant notamment par la fin de la subvention que versait le Conseil général jusqu'en 2008 (arrêtée après audit). "Ça grève le budget. Le président Rimez se démène pour trouver des solutions. Les licenciements économiques sont plus que justifiés".

Pour Me Gioia, ces difficultés sont celles des associations en général. Il dénonce diabolisation et tentative de déstabilisation. "C'est le bal des ego. On subit des attaques invraisemblables. La fédé a des entrées d'argent mais aussi des frais !" Une réunion a eu lieu récemment entre des dirigeants de la fédé, et, pour le CG, Jacky Gérard chargé des domaines départementaux et Roger Tassy (chasse). Le (re)versement de la subvention leur a été demandé. Pour l'heure, pas de décision. En attendant, la fédé compte quand même sur l'argent retiré des formations payantes dispensées (700/an au permis de chasser).

Dans les BDR, toutes les formations sont payantes... Sans oublier la hausse du prix du timbre payé par chacun des 23 000 adhérents, de 60 à 70 €.

 



"L'enquête sur la mort du héron devrait déboucher"

Un courrier d'un collectif a été envoyé au procureur de la République d'Aix pour évoquer la "gestion catastrophique" de la fédé : "Le 18 juin 2013, la cour régionale des comptes a relevé de nombreuses irrégularités concernant la gestion financière de la fédération (...), concernant des subventions et des factures d'un montant important et ces irrégularités ont aussi été dénoncées par la cour des comptes en février 2014", est-il stipulé dans la lettre qui réclame audience à Dominique Moyal. Laquelle avait été alertée, fin 2013, sur la situation de la fédé (le siège est sur le ressort du TGI d'Aix). "Cette alerte concernait un climat tendu, des pressions à la fédération, des comportements des dirigeants, plus particulièrement le président et le secrétaire général. S'agissant d'un dossier sensible, voulant éviter toute mesure de représailles, ou acte d'intimidation envers des personnes susceptibles d'apporter des éléments sur l'existence d'infractions commises au sein de la fédération, j'ai souhaité, au cours des mois passés, agir avec une extrême prudence. Mais nous ne sommes pas restés inactifs et j'ai pu prendre la mesure des difficultés, par des contacts avec les personnes ou les services ayant à connaître de la situation de la fédération sur les plans administratif, social ou économique." Une enquête est en cours sur les intimidations et la mort du héron. Enquête qui "devrait bientôt déboucher. J'envisage de traiter ultérieurement et par étapes successives les problématiques soumises. Ce travail suppose des moyens en enquêteurs, selon le sujet abordé." Un travail de longue haleine "qui exclut toute polémique quant à la façon de gérer judiciairement ce dossier". Dominique Moyal, après réception du courrier du collectif, envisage de le recevoir bientôt.

Séverine Pardini-Battesti

 
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