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Tarbes et sa région Hautes-Pyrénées
Publié le 21/09/2011 09:58 | Hélène Dubarry
Des restaurateurs plumaient la bécasse
tribunal
La rumeur avait couru en 2010 dans le landerneau de la chasse : des chasseurs revendaient
des bécasses à des restaurateurs peu scrupuleux, qui les achetaient (première infraction) pour les cuisiner à leurs clients (deuxième infraction).
Alertés, les agents de l'ONCFS (Office national de chasse et de la faune sauvage) se sont mis sur la piste et, en fins limiers, sont arrivés au but : ils marquent l'arrêt devant deux établissements de la région tarbaise. Deux établissements plutôt réputés, très loin de la vulgaire gargote.
Dans le premier, ils arrivent le 14 décembre 2010, à 11 heures.
L'heure du coup de feu : la patronne est en cuisine, sous pression.
S'il y a des bécasses chez elle et son mari ? Mais oui !, et elle conduit les agents dans son garage privé, tout près de la cuisine : dans le congélateur, il y a 37 bécasses :
« C'est pour nous, pour notre propre consommation ! » 37 bécasses, fera remarquer
le procureur Porcher, c'est beaucoup pour une simple consommation personnelle.
Elles ont été achetées par le patron, à un chasseur des Pyrénées-Atlantiques,
déjà condamné à Pau pour les avoir vendues.
Car l'achat, comme la vente, et bien sûr le commerce de ces oiseaux sauvages est
strictement interdit. Par mesure de protection, comme le soulignera
l'association des Bécassiers 65, qui se porte partie civile dans cette affaire.
L'asso va insister sur son rôle de protection, surtout en 2010, une année noire pour
les migrateurs, à cause des incendies russes :
« C'est bien notre chance, ces feux en Russie, tiens ! », ironise le restaurateur.
Une ironie qui n'échappe pas au procureur.
Deuxième arrêt pour l'ONCFS, le 21 janvier, dans un autre restaurant réputé :
le patron avait déjà été repéré la veille par la douane alors qu'il revenait d'Irun :
à l'intérieur de sa camionnette, des grives et des bécasses.
Les interdits sont les mêmes qu'en France.
Sac de plumes
Les agents débarquent donc le lendemain et fouillent méticuleusement le restaurant.
Rien. Sauf, derrière une poubelle, où ils découvrent un sac, rempli de plumes de bécasses.
Surgissent alors, par la porte de service, le fils du patron et le cuisinier, que son père interpelle : « C'est bon ? C'est parti ? » « Ouais, pas de problème. »
Les agents interrogent : « Qu'est-ce qui est parti ? » Le cuisinier bafouille et panique :
on ira donc chez lui et là, et là, jackpot, dans son garage, on découvre, encore placées dans des caisses congélation, un nombre impressionnant de bécasses.
142 oiseaux, dont 50 grives, sont comptabilisés par le ministère public.
« Ces oiseaux ne sont pas destinés au commerce, plaide l'avocate de la défense.
Tous les ans, le restaurant offre, à ses amis-clients, un banquet, quand le restaurant
est fermé. Ce sont des soirées privées, pas du commerce. »
Le procureur Porcher reste très dubitatif et martèle que l'achat, déjà, est interdit.
Et il enfonce un peu le clou : « En plus de la mauvaise foi, on tente de faire porter le
chapeau au cuisinier, c'est particulièrement lâche.
Il en faudra du temps, pour qu'il reconnaisse enfin. »
Les oiseaux ayant été achetés 25 € pièce pour le second restaurateur,
le ministère public va demander 50 € d'amende, dont la moitié avec sursis,
pour chaque oiseau trouvé. Soit 50€ x 142.
Pour le premier, qui les a payées 15 € pièce, même chose : 30€ x 37.
Les deux avocates de la défense vont soulever une exception de nullité, à grand renfort d'articles du code : les oiseaux ont été trouvés dans les domiciles privés,
pas dans des locaux professionnels : il faut donc relaxer.
Mais le procureur va répliquer par tout autant d'articles, démontrant le contraire.